Que ce soit Trump ou Biden qui l’emporte aux élections présidentielles américaines en novembre, le déficit budgétaire aux États-Unis restera conséquent. « Les choses ne sont pas très réjouissantes », estime Karsten Junius, chef économiste de la Banque J. Safra Sarasin. Les programmes des deux candidats à la présidence risquent d’alourdir encore la dette publique des États-Unis.
« Tant Trump que Biden ont reconnu la nécessité de s’attaquer au déficit budgétaire. Mais ce qu’ils ont proposé ou ce qu’ils finiront probablement par faire, à notre avis, augmentera la dette publique de manière insoutenable. Les déséquilibres budgétaires importants nécessitent plus que des changements progressifs de politique. Cependant, il ne semble pas y avoir de consensus au sein de la population ou à Washington quant à la nécessité de faire des choix politiques difficiles et des sacrifices à court terme.
En conséquence, les taux d’intérêt devraient rester structurellement plus élevés tant sous Biden 2.0 que sous Trump 2.0. La possibilité d’une prime de risque fiscale sur le marché obligataire américain lors d’un second mandat de Trump n’est pas à exclure. Les propositions visant d’autres mesures, telles qu’un taux de 10 % sur toutes les importations, un contrôle strict de l’immigration et une éventuelle remise en cause de l’indépendance de la Fed, nuiraient également aux perspectives de croissance à long terme de l’économie américaine et augmenteraient encore la dette.
Plan fiscal de Trump
Quels sont les plans de Trump s’il devait redevenir président ? Trump et son entourage semblent proposer un plan fiscal reposant sur la « théorie du ruissellement ». Selon l’America First Policy Institute, le think tank derrière le programme politique de Trump, les réductions d’impôts, les politiques fiscales favorisant le travail, et le ralentissement de la croissance des dépenses fédérales devraient permettre à la croissance économique réelle d’atteindre 4 %. Les républicains s’attendent à ce que les réductions d’impôts soient au moins partiellement autofinancées.
Trump va certainement tenter de prolonger et éventuellement de pérenniser les réductions d’impôts TCJA (Tax Cuts and Jobs Act) de 2017 (elles expireront fin 2025). Selon le Congressional Budget Office, la prolongation totale des réductions d’impôts dans le cadre du TCJA coûterait environ 4,5 milliards de dollars au cours des dix prochaines années et augmenterait les déficits primaires de plus de 1 % du PIB au cours des dix prochaines années.
Des dépenses plus élevées chez Biden
Biden augmentera probablement ses dépenses en cas de deuxième mandat. Il ne semble pas prêt à faire face à la pression continue que les changements démographiques exercent sur les dépenses de sécurité sociale, Medicare et Medicaid. Au lieu de cela, il souhaite renforcer d’autres programmes sociaux pour améliorer l’accès à l’éducation et à la garde d’enfants. Ce gouvernement continuera probablement à réduire les risques dans les chaînes d’approvisionnement et à encourager les investissements dans les secteurs verts. Lael Brainard, conseillère économique nationale, a déclaré que l’objectif minimal d’un nouveau gouvernement est que toutes les prolongations de réductions d’impôts soient entièrement couvertes par une augmentation des revenus.
La nouvelle politique fiscale devrait également avoir pour objectif de générer des recettes supplémentaires pour ramener le déficit sur une trajectoire viable. Le président Biden a également promis que les ménages qui gagnent moins de 400 000 dollars par an ne paieront pas plus d’impôts. Il devra donc s’efforcer de maintenir une partie des réductions d’impôts prévues par le Tax Cuts and Jobs Act et de les laisser expirer pour les ménages les plus fortunés.
Conclusion
En fin de compte, Trump et Biden reconnaissent tous deux que le déficit budgétaire est élevé aux États-Unis. Mais les programmes des deux candidats prévoient des réductions d’impôts ou une augmentation des dépenses. En conséquence, les taux d’intérêt américains devraient rester structurellement élevés et la dette publique américaine insoutenable.
