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L’obésité infantile, quant à elle, a été multipliée par 10 depuis 1970. Aujourd’hui, près de 50 % des adultes européens sont en surpoids et un tiers d’entre eux répondent aux définitions cliniques de l’obésité. Afin d’encourager les consommateurs à manger de manière plus saine, la France a recommandé l’utilisation du « nutri-score » à cinq niveaux en 2017, qui s’est depuis étendu à l’Allemagne, la Suisse, l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Autriche et d’autres pays. Malgré la généralisation de cette forme d’étiquetage, ce système reste controversé et fait l’objet de vifs débats entre les gouvernements, les producteurs de denrées alimentaires, les détaillants, les emballeurs et les sociétés transnationales. Dans ce numéro de Food Insight, nous examinons les aspects économiques de l’étiquetage nutritionnel et la manière dont il influence notre consommation.

Tout d’abord, une distinction importante. L’étiquetage nutritionnel, tel que nous l’abordons ici, n’est pas l’encadré noir et blanc détaillant les calories, la teneur en fibres, les glucides, etc. que l’on trouve, par exemple, à l’arrière d’une boîte de céréales. Dans l’Union européenne, ce type de déclaration nutritionnelle est obligatoire depuis décembre 2016. Nous faisons plutôt référence à des systèmes visuels, souvent codés par couleur, qui visent à simplifier la prise de décision des consommateurs soucieux de leur santé. Dans le système nutri-score, les lettres A à E sont associées à des couleurs – ainsi, l’emballage des flocons d’avoine non sucrés affiche un « A » vert, tandis qu’un pot de Nutella est marqué d’un « E » rouge.

On comprend pourquoi certains fabricants de produits alimentaires pourraient s’inquiéter des systèmes d’étiquetage nutritionnel tels que nutri-score. Une étude de McKinsey datant de fin 2022 montre qu’un peu plus de la moitié des consommateurs dans le monde considèrent l’alimentation saine comme une priorité – une tendance en hausse depuis plusieurs années. Aux États-Unis, les produits considérés comme sains ont une marge significative, les consommateurs acceptants, en moyenne, un supplément de prix de 9 % pour ces derniers. Dans ce sens, et si vous étiez le producteur d’une pâte de noisettes saturée d’huile de palme, il serait raisonnable d’avoir peur que le système nutri-score ne fasse fuir vos clients.

Toutefois, et par souci d’équité, nous devons reconnaître que les systèmes d’étiquetage nutritionnel et les modèles nutritionnels sur lesquels ils reposent ne sont pas sans reproche. Une récente mise à jour du système nutri-score a suscité un débat virulent en Europe. En Italie, le gouvernement de Giorgia Meloni a mené une campagne contre l’adoption du système Nutri-score, expliquant que le système pénalise injustement les fromages et les viandes produits localement, ce qui nuit aux petits producteurs. Même la Suisse n’arrive pas à rester neutre, étant donné que les fromages suisses risquent également de recevoir de mauvais nutri-scores. Le gruyère, dans le cadre du processus de certification, doit contenir au moins 49 % de matières grasses, ce qui signifie qu’il reçoit la note « D » – la même que les marques de céréales très sucrées comme Trésor, Chocapic ou Fruit Loops. Pourtant, comme le déplore le président de la commission AOP du Gruyère « ce qui ne va pas avec le nutri-score, c’est qu’il ne tient pas compte d’un produit naturel, qui correspond à une tradition à travers les siècles et qui n’a jamais posé de problème de santé publique. »

Cela soulève un autre aspect intéressant des étiquettes nutritionnelles : quels algorithmes utilisentelles pour évaluer les aliments et comment devrionsnous interpréter ces scores ? En se concentrant à nouveau sur le système Nutri-score, il est important de noter que les Nutri-scores sont calculés sur la base des valeurs nutritionnelles du produit tel qu’il est vendu, et non tel qu’il est préparé. Cela signifie que les frites surgelées non cuites obtiennent la note « A », puisqu’il s’agit simplement de pommes de terre pelées et coupées en tranches. Bien entendu, les faire frire impacte leur valeur nutritionnelle, mais ce n’est pas reflété par le nutri-score. Un autre point à noter est que le système nutri-score n’est pas directement comparatif. En d’autres termes, si un Coca-Cola light obtient un C et une bouteille d’huile d’olive extravierge un D, le Coca-Cola light n’est pas « plus sain que l’huile d’olive ». Nous ne pouvons pas comparer les catégories du Nutri-score et, en ce sens, le Nutri-score d’un soda ne peut être comparé qu’au Nutri-score d’un autre soda.

EN CONCLUSION :

L’obésité représente déjà un coût important pour nos économies. Le CDC estime que les coûts des soins de santé liés à l’obésité s’élèvent déjà à plus de 150 milliards d’USD – avec certaines estimations de la perte de productivité et de l’absentéisme au travail qui porte ce coût à 1,7 milliards de dollars par an pour les seuls États-Unis. Il est clair que notre société doit redoubler d’efforts pour prévenir et traiter l’obésité, en utilisant des systèmes d’étiquetage nutritionnel tels que le nutri-score. Ayant dit cela, ces méthodes doivent être claires et prouvées par la science, tout en restant fonctionnelles sur le plan économique. Nous souhaitons bonne chance aux nutritionnistes en charge de la formulation de ces systèmes.

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