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Chaque année, le détenteur d’un fonds paye des frais de gestion au gestionnaire de la sicav. Ces frais sont inclus dans la valeur nette n’inventaire du fonds et leur pourcentage est disponible dans le prospectus d’émission de la sicav. Le gestionnaire est donc payé pour sa gestion. Ces frais sont, en général, de l’ordre de 1,5% par an pour des fonds actifs et de l’ordre de 0,6% pour les fonds passifs qui se contentent de répliquer les indices. La gestion passive a de plus en plus de succès auprès des investisseurs en partie en raison de la faiblesse de ces frais de gestion.

Un outil de référence

La gestion active est donc plus coûteuse car le gestionnaire est censé analyser le marché pour en tirer les meilleures opportunités. Mais si le gestionnaire se contente de suivre l’indice de près, l’investisseur payera des frais… pour rien ! Comment détecter si ces frais sont justifiés ? Comment voir si le gestionnaire est actif ou non ? Un concept se développe dans le monde de la gestion : l’« active share ». Ce concept a été formalisé par deux chercheurs de l’Université de Yale en 2009. Il s’agit d’un outil qui mesure la différence entre la composition du portefeuille et celle de son indice de référence. Pour quantifier ce degré de différence du portefeuille par rapport à l’indice, on se base sur les différentes pondérations dans le portefeuille par rapport à l’indice.

Quelle indication donne ce pourcentage ?

On peut estimer que les gestionnaires dont l’active share est inférieure à 60% sont trop proches de leur indice de référence. Il faut cependant nuancer ces propos. En effet, sur certains marchés, il est parfois difficile d’avoir une active share élevée. C’est le casdu marché suisse, par exemple. Ce marché est très concentré sur trois titres qui, à eux seuls, représentent 50% de l’indice. Dans ce type de marché, il est difficile de sur ou sous pondérer beaucoup de valeurs et d’avoir une active share élevée. Par contre, sur un indice mondial comme le MSCI World, par exemple, c’est plus facile d’avoir une active share élevée.

Regarder l’indice de référence

Une deuxième nuance doit être apportée : il faut vérifier que le gestionnaire se compare bien au bon indice. Un fonds qui investit en petites et moyennes capitalisations françaises aura un univers d’investissement très éloigné du CAC40. S’il se compare au CAC40, il va comparer deux univers différents et affichera une active share élevée alors que ce ne sera pas forcément le cas.

Il y a des cas où l’active share est moins pertinente, comme pour les fonds patrimoniaux qui investissent à la fois en actions et en obligations. On peut cependant demander l’active share pour la partie actions et pour la partie obligations et les comparer aux indices de référence.

Dans les fonds actifs uniquement

Quand est-ce particulièrement intéressant d’analyser l’active share ? Dans tous les fonds actifs en général et plus particulièrement lorsque l’équipe de gestion a changé. Cela permet de voir si les nouveaux gestionnaires (ou le nouveau gérant) sont plus ou moins actifs que les précédents. C’est aussi un outil de surveillance de la gestion dans le temps. C’est un instrument qui permet d’analyser la composition du portefeuille en ne se focalisant pas uniquement sur la performance.

L’active share permet-elle de mesurer de performance ?

Non, ce n’est absolument pas un outil de mesure de performance. Un fonds qui affiche une active share élevée ne dégage pas forcément une meilleure performance. Plus l’active share est élevée plus la performance s’éloignera de celle de l’indice : en sous-performant ou en sur-performant cet indice. Etre très actif n’est donc pas une garantie de sur-performance. Il y a cependant une recette pour être sûr d’être perdant : avoir une active share faible et des frais élevés. Cela signifie que le gestionnaire fait payer très cher une gestion passive, et que, proche de l’indice, la gestion avec ces frais entrainera une perte.

Il convient donc de se pencher sur cette notion d’active share avant de rentrer dans un fonds. Certains gestionnaires étrangers l’affichent dans leur prospectus, d’autres pas. Les régulateurs commencent à se pencher sur la question. Cet outil offre plus de transparence sur la cohérence et l’utilité de la stratégie de gestion. Lorsque des fonds qui se qualifient d’actifs ne font en réalité que répliquer ou être très proches des indices de marchés on parle de « closet indexing funds ».

I.de.L

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